Adopter la poule « attitude »!

Alexandre est président de l’association EquiTerre France et depuis bientôt 6 mois lui et sa femme ont adopté la « poule attitude ». Allons découvrir avec eux comment se passe cette colocation :

Int. : Pourquoi avez-vous décidé d’adopter des poules ?

IMG_20150326_121832A : Ayant grandi en banlieue parisienne j’ai toujours recherché le lien avec la nature, ensuite un voyage en Australie en immersion totale pendant un an m’a convaincu : un jour tôt ou tard j’aurai des poules ! Pourquoi ? C’est simple : c’est un animal très attachant qui non seulement se nourrit de nos déchets organiques mais en plus il nous remercie en nous fournissant gratuitement des œufs et en fertilisant notre jardin. Il s’agit d’un geste responsable à la portée de tous ceux qui ont la chance d’avoir un petit bout de jardin.

Int : Comment ça se passe alors pour adopter une poule ?

A : Et bien au départ j’étais un peu perdu : je suis citadin et je n’avais pas l’habitude, je ne savais pas par où commencer. Finalement, c’est très simple : il suffit d’avoir un petit carré de jardin pour que les gallinettes puissent se dégourdir les pattes et un poulailler pour qu’elles puissent rentrer dormir, se tenir au chaud pendant l’hiver et se protéger de la chaleur en été. Cela leur permet aussi d’être protégées des prédateurs pendant la nuit. Il faut aussi penser à isoler le potager si vous en avez un (je vous garantis que si vous les laissez s’y approcher elles vont tout dévorer sans aucune pitié !) et le tour est joué ! Ah oui, après il faut aller acheter les poulettes, et pour ça si vous n’y connaissez rien comme moi il est mieux de faire aider par des spécialistes : dans mon cas la personne à qui on a acheté le poulailler en seconde main nous a conseillés un éleveur chez qui eux aussi achètent les poules. Elles n’étaient pas encore arrivées que déjà elles nous faisaient tisser des liens !

Int : A-t-on le droit d’avoir une poule en ville ?

A : Oui bien sûr! Je vous dirais même plus : lorsque j’étais en train de déménager en Auvergne pour mon travail j’ai appris que la commune où je résidais précédemment était en train de mettre en place un projet de revalorisation de déchets : donner un poulailler et quelques poules en fonction des membres du foyer afin de réduire la production de déchets organiques ! J’ai alors cherché un logement doté d’un petit jardin afin de pouvoir accueillir mes nouveaux animaux de compagnie (la poule est considérée comme un animal de compagnie au même titre que les chiens et les chats ! Le coq lui par contre non, il n’a pas le droit d’être en ville car il provoque trop de nuisances sonores…).

Il s’agit d’une initiative qui séduit de plus en plus de communes en France soucieuses de réduire durablement et écologiquement le traitement des déchets organiques, n’hésitez pas à vous renseigner auprès de votre mairie pour savoir si elle adhère à ce concept ! Cependant, bien que cette tendance soit en développement, il faut tout de même penser à vérifier auprès de la mairie qu’aucun arrêté municipal n’interdise de posséder des poules.

Int : Combien coûte une poule ?

A : Comme pour tout animal, il existe des poules de différentes races et les prix peuvent être variables, dans mon cas j’ai pris 3 poules pondeuses de 3 races différentes à un prix d’environ 10 euros chacune.

Après il faut également investir dans l’achat d’un bon poulailler pour garantir la sécurité et le bien-être des animaux : comptez entre 150 et 200 euros environs. Il est important de compléter avec un abreuvoir et un mangeoire, ici aussi les prix sont variés en fonction des options proposées, il faut compter entre 30 et 40 euros pour les deux environ.

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Après, si il est vrai que les gallinacés raffolent de nos déchets ménagers (elles sont omnivores et mangent donc presque tout ce que nous mangeons) pour leur garantir une alimentation saine il est important de leur fournir quotidiennement des graines et des compléments divers (comme des coquilles d’huitres par exemple). En effet, la seule alimentation aux ordures ménagère peut être très nocive pour les poules car notre alimentation est souvent bien trop riche en gras et sucres pour elles et risque de les faire tomber malade.

Enfin, toujours pour leur bien-être il faut également les vermifuger une fois par an environ, ici aussi il est préférable d’utiliser des moyens naturels préventifs comme l’ail, le romarin, le thym etc…

Int : Quels sont les avantages d’avoir des poules ?

Tout d’abord on redécouvre l’essentiel : c’est la magie d’avoir des œufs frais tous les jours ou presque ! IMG_20150304_113248Au-delà de la qualité, c’est aussi une considérable économie et notamment pour ceux qui aiment cuisiner comme nous. Faire un gâteau ou manger une omelette préparés avec les œufs de ses propres poules, ça n’a pas de prix !

Ensuite, la traçabilité du circuit de production : on connait leur alimentation, leurs conditions de vie et nous savons qu’elles sont heureuses et qu’elles fournissent des œufs de qualité. Cela permet de recréer des liens avec la terre et redonner sa juste place à l’animal.

De plus, nous n’avons pas de composteur et depuis que nous avons des poules à la maison nous avons vu nos poubelle se diviser par 2 : en effet, lorsqu’on cuisine on produit forcément des déchets (épluchures, trognons, parties abîmées,..). Lorsqu’on a des poules et qu’on commence à trier les déchets pour les nourrir on se rend compte de la quantité de déchets alimentaires que nous produisons et une forte prise de conscience s’opère : ces éléments cessent d’être des déchets pour se transformer en nourriture. Niveau environnement donc, avoir des poules permet de réduire considérablement notre empreinte déchets, et ça de plus en plus de communes l’ont compris !

Elles se chargent aussi de désherber le jardin et de nous débarrasser des nuisibles tels que limaces, escargots et autres insectes qui ravagent les plantes. Nous n’avons même plus à passer la tondeuse ! Elles nous fournissent également un engrais naturel pour le potager car leurs fientes sont très riches.

Enfin, nos poules nous ont permis de socialiser et de connaître nos voisins : en effet, ces derniers ont commencé petit à petit à nous laisser des sacs avec leurs déchets organiques avec des petits mots, s’en est suivi : des poulettes bien en chair, des coups de téléphones, des dons d’œufs pour les remercier, des apéros, du troc œuf- produits du jardin et des échanges de services comme par exemple lorsqu’ils viennent s’occuper des poules lorsqu’on part en vacances et qu’ils récupèrent les œufs ! Nous ne connaissions personne en arrivant en Auvergne et maintenant nous connaissons presque tous nos voisins !

Int : Il n’y a donc que des avantages à adopter des poules ?

A : Je vous mentirais si je vous disais cela, comme toujours il faut semer et mériter ce qu’on récolte. Avoir des poules, comme pour tout autre animal, comporte des responsabilités : il faut aller leur ouvrir et les nourrir tous les jours, peu importe la météo.

Il faut également les protéger des attaques des prédateurs, surtout à la campagne, comme chats, renards, fouines,… ainsi il faut penser à les enfermer tous les soirs pour qu’elles soient en sécurité.

Afin de les garder en santé il faut également s’occuper de nettoyer régulièrement le poulailler afin d’éviter les odeurs et les maladies. Elles ont également besoin de place pour bouger et éviter de tomber malade, prévoyez minimum 5m² par poule, plus elles auront de place plus elles seront heureuses.

Enfin, elles adorent gratter le sol pour se régaler avec des vers de terre, ainsi il faut être prêts à sacrifier une partie de son jardin qu’elles vont constamment tailler et retourner. Et surtout, il ne faut pas faire l’erreur de les laisser se promener dans le potager car elles vont tout dévorer des légumes aux pousses jusqu’aux graines si c’est la période des semis !

Int : Bilan quand même positif à la fin, non ?

A Absolument. Au-delà de tous les avantages et inconvénients, elles restent des animaux et sont dotées d’un propre caractère et on s’y attache bien plus vite qu’on le croit. Elles sont drôles à regarder et incarnent toute la fragilité de la vie, un peu comme des enfants mais un peu plus bêtes, mais on les aime comme elles sont finalement.

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