Formes, lettres, couleurs, chiffres et surtout significations variés, les labels sont de plus en plus nombreux et forment une véritable jungle.
Alors que les enseignes commerciales souhaitent mettre en place un nouveau label Développement Durable (Responsabilité Sociétale des Entreprises) pour 2016, des logos toujours plus nombreux, eux aussi, se mêlent aux labels officiels. Il est donc très difficile de s’y retrouver et de démêler la valeur réelle des labels quelques soient leurs domaines. EquiTerre France vous fait un focus sur cette jungle de labels (et des logos).
Qu’est-ce un label et une appellation?
Selon le dictionnaire Larousse, un label est une : « étiquette ou marque spéciale créée par un syndicat professionnel ou un organisme parapublic et apposée sur un produit destiné à la vente, pour en certifier l’origine, la qualité et les conditions de fabrication en conformité avec des normes préétablies. (On dit aussi label de qualité.) » alors qu’une appellation est un : « Nom, qualificatif que l’on donne à quelque chose, à quelqu’un ». Une appellation est délivrée par un organisme de défense et de gestion, qui représente et rassemble les opérateurs de la filière du produit, est proposée par l’INAO aux pouvoirs publics
Des labels incontournables dans notre assiette
Les labels du « terroir »
Parmi les appellations alimentaires plus répandues figurent différentes certifications attestant des qualités d’un produit. Les appellations AOP (Appellation d’Origine Protégée) est une appellation nationale, l’AOC (Appellation d’Origine Contrôlée) est une appellation européenne et l’IGP (Indication Géographique Protégée) indiquent que des produits bruts ont étés produits et transformés (pour certaines appellations au moins une étape de transformation) sur une même zone géographique*. Ainsi, ils permettent au consommateur d’identifier des produits qui ont un lien fort avec le terroir. Ces signes sont très importants car ils permettent de protéger des produits dans l’ensemble de l’Union Européenne.
Le Label Rouge quant à lui est un signe uniquement utilisé en France et ne donne pas d’indication sur l’identité géographique mais sur la qualité d’un produit qui est supérieure par rapport à un produit standard.
Les labels écologiques et/ou solidaires
- Agriculture Biologique
Le très célèbre label « AB » promet un mode de production biologique.
Le label AB est de propriété exclusive du Ministère de l’agriculture, de l’agroalimentaire et de la forêt qui en définit les règles d’usage, la marque AB de certification, comme le logo bio européen, identifie des produits 100% bio ou contenant au moins 95% de produits agricoles bio dans le cas des produits transformés. Son utilisation est cependant facultative.
Le Ministère de l’agriculture peut déléguer certains organismes certificateurs à délivrer les autorisations d’utilisation sur les étiquetages (marque AB de certification), l’Agence Bio étant quant à elle en charge de la gestion de la marque AB sur les supports de communication. L‘INAO assure globalement la protection et la défense de la marque AB.
Ce logo concerne principalement les produits alimentaires mais peut aussi certifier des produits non alimentaires comme les huiles essentielles.
Les pesticides et les engrais chimiques de synthèse sont interdits dans ce mode de production. Cependant, l’usage de pesticides minéraux et naturels est autorisé. Or, certains pesticides et engrais naturels, sont considérés comme dangereux ( pour les sols par exemple) et sont très utilisés dans les produits labellisés AB. C’est le cas du cuivre (métal lourd ) qui, à terme, peut provoquer la stérilisation des sols. Par ailleurs, pour les produits certifiés « AB », le bien-être animal et l’empreinte écologique sont encore très peu pris en compte.
Depuis 2010, le label européen doit obligatoirement figurer aux côtés du label « AB ». Les exigences plus faibles du label européen s’appliquent désormais au label français. Par exemple, la présence des OGM (Organismes Génétiquement Modifiés) est autorisée à hauteur de 0,9% dans le label européen contre 0,1% du label AB d’origine.
Face à cette baisse des exigences, la Fédération Nationale de l’Agriculture Biologique a lancé la même année une nouvelle marque privée : « Bio Cohérence ». Pour être labellisé, il faut tout d’abord respecter le cahier des charges du label européen mais aussi celui de l’ancienne réglementation française. Ensuite, il est nécessaire de s’engager dans une dynamique de progrès (via une charte). A l’heure actuelle, cette labellisation représente un coût plus important que pour les autres labels pour les producteurs, ce qui représente un frein à son développement.
Au-delà de l’agriculture biologique, l’agriculture biodynamique1 possède aussi son label : « Demeter ». En plus de répondre aux exigences de l’agriculture biologique, les produits respectent des règles strictes liées à la protection des animaux ou encore à la rotation obligatoire des cultures.
Pour les produits transformés, ce label indique la présence d’au moins 90% d’ingrédients issus de l’agriculture biodynamique. Des lignes directrices sont données sur les plans économiques (répartition des salaires) et sociaux (soins de santé assurés).
- Commerce équitable
Le label « Max Havelaar » est le plus connu en matière de commerce équitable. C’est un label basé sur les principes du développement durable. On le retrouve sur les produits alimentaires mais aussi dans le domaine du textile. Il garantit une rémunération des producteurs plus juste et des conditions de travail conformes aux réglementations de l’Organisation International du Travail (durée maximale de travail de 48 heures par semaine, liberté syndicale,…).
Seulement, de nombreuses polémiques émergent autour de ce label. Les grands distributeurs surfant sur la vague du consom’acteur misent sur ce label et augmentent leurs marges sur les produits labellisés « Max Havelaar ». En parallèle, de nombreux petits producteurs du Sud gardent une faible rémunération et peinent à s’en sortir. Ajouté à cela, ce label est de plus en plus attribué à des producteurs industriels exploitant même parfois des travailleurs sans-papiers, très mal payés et logés dans des conditions insalubres.
Un nouveau label Fairtrade-Max Havelaar, « FSP » (Programmes d’approvisionnement Fairtrade) apparu en janvier 2014, permet de labelliser un produit qui ne contient qu’un seul ingrédient issu du commerce équitable. A l’origine, seuls les produits composés uniquement d’ingrédients issus du commerce équitable pouvaient l’être.
Certains en viennent à penser que le célèbre logo prend une tournure marketing. Cela crée d’ailleurs des tensions entre les membres du groupe Max Havelaar soutenant des orientations opposées pour l’avenir du label : un recentrage vers des valeurs traditionnelles du début contre un développement dans le secteur industriel.
Le transport et les pollutions qu’il engendre ne sont pas pris en compte dans ce label, ce qui constitue un autre problème.
- Ecologie
« Nature et Progrès » est un label écologique peu connu. Il est géré par l’association Nature et Progrès. Les produits labellisés répondent aux exigences de l’agriculture biologique. Cependant, s’ajoute à cela des règles strictes en matière de respect du bien-être animal, de la biodiversité ou encore de la saisonnalité des produits. D’autres règles sont exigées pour ce label.
Cela concerne la transparence, la solidarité ou le financement éthique des entreprises labellisées.
Par ailleurs, une exploitation agricole dans son ensemble peut obtenir le label. La certification est soumise à un « système participatif de garantie » pour éviter les tarifs trop élevés que la plupart des organismes certificateurs appliquent pour obtenir cette certification. Il peut certifier des produits alimentaires, cosmétiques et ménagers.
Des labels cosmétiques en plein boom dans notre salle de bain
Les labels cosmétiques se développent très rapidement. Les principaux labels sont gérés par Ecocert, BDIH et Cosmebio. Ils s’appliquent à une échelle internationale.
Le label allemand BDIH, en vigueur dans toute l’Union Européenne, restreint le nombre d’ingrédients (additifs ou autres matières premières) à intégrer dans les produits cosmétiques. Il exclut les tests effectués sur les animaux. Il assure aussi la présence de produits issus de l’agriculture biologique (si aucun pourcentage n’est mentionné, cela signifie que plus de 95% des ingrédients sont issus de l’agriculture biologique).
Les labels « BIO cosmétique » et « ECO cosmétique », gérés par Cosmébio, interdisent le recours aux OGM et aux nanotechnologies.
Dans les deux cas, la consommation d’eau, d’énergie et la gestion des déchets doivent être contrôlés.
La différence entre les deux se trouve dans la composition des produits. En effet, tandis que le label Eco Cosmétique, nécessite de contenir au moins 50% d’ingrédients d’origine naturelle pour obtenir la certification, BIO Cosmétique exige une présence d’au minimum 95 % d’ingrédients naturels. Aussi, seulement 5% des ingrédients contenu dans le produit global doivent être issus de l’agriculture biologique pour la labellisation ECO Cosmétique contre au moins 10% pour la certification BIO Cosmétique.
D’autres labels français, gérés par l’organisme de contrôle et certification ECOCERT, ont des exigences quasiment identiques : ECOCERT Cosmétique biologique ou écologique. Pour ECOCERT Fairtrade, la dimension équitable est rajoutée.
« Leaping Bunny », certifie quant à lui des produits non-testés sur les animaux.
Malgré ces certifications et des ingrédients naturels occupant une place de plus en plus importante les produits cosmétiques vendus sur le marché gardent encore aujourd’hui des composants chimiques aux effets néfastes pour la santé humaine et pour l’environnement sur le long terme.
Et du côté de la maison ?
- Une percée pour les produits d’entretien
Dans le domaine des produits ménagers, les labels commencent à faire leur percée. Parmi les quelques labels, l’on retrouve « Nature et Progrès », « Blauer Engel » (en français « l’Ange Bleu ») qui est l’un des plus anciens labels interdisant l’utilisation de nombreuses substances nocives et dangereuses dans les produits entre autres ou « Leaping Bunny ».
Encore des efforts à faire du côté de l’électroménager
Les appareils électroménagers sont désormais tous marqués de l’étiquette indiquant leur classe énergétique qui indique l’efficacité énergétique des appareils. Cette étiquette permet d’avoir quelque repères mais avec les évolutions technologiques continues, elle devient très vite obsolète.
D’ailleurs la classification qui allait du plus efficace A au moins efficace G, a du être complétée jusqu’à la meilleure classification A+++ au fil des années.
Un autre problème se pose : certains appareils figurant parmi les plus voraces en énergie comme les chaudières et les chauffe-eaux ne sont pas classifiés par cette étiquette.
Des labels variés pour des équipements variés
Certifiant les meubles, le papier, les crayons ou encore les cartons, le label « Programme de Reconnaissance des Certifications Forestières » (« PEFC ») indique une gestion durable des forêts.
Ce label international soulève quelques interrogations pour plusieurs raisons : les critères de certification varient selon le pays, il est délivré sur engagement et non sur vérification des pratiques, enfin, il ne tient pas compte de l’aspect social pour l’exploitation du bois.
En revanche le label « FSC » ( Forest Stewardship Council ), certifie que le bois utilisé pour un produit provient de forêts ou de plantations gérées de manière responsable et durable suscite plus de consensus. En effet, il dispose de critères plus restrictifs : ce label prend en compte les besoins économiques, écologiques, sociaux et culturels des générations présentes et futures. Il s’applique aux mêmes types de produits.
« Rainforest Alliance » présent sur de nombreux produits (bois, fleurs ou produits alimentaires) a pour objectif de promouvoir une agriculture durable tenant compte des critères sociaux, économiques et écologiques. Il est majoritairement utilisé par des grandes marques industrielles (McDonald avec plusieurs gammes de café et du thé ou Unilever avec le thé Lipton). Seulement, les exigences de ce label sont beaucoup plus faibles que celles du commerce équitable, au niveau social entre autres. Ce logo peut même apparaître sur des paquets de café dont le tiers seulement est certifié « Rainforest Alliance ».
Autre label présent un peu partout dans notre maison : « NF Environnement ». Il certifie des peintures, des colorants universels, du mobilier scolaire, des sacs poubelles ou même des services (office de tourisme, transport de voyageurs,…). La certification écologique officielle française a pour but de contrôler l’impact d’un produit (ou d’un service) de sa fabrication jusqu’à sa fin de vie.
Mais ce logo a ses limites : les exigences sont trop variables d’un produit à l’autre pour que le label soit adapté à tous les produits qu’il certifie. Les certifications « NF » sont divisées en plusieurs catégories selon le type de produit ou de service. Ainsi, la certification « NF » aura de fortes exigences écologiques dans une catégorie de produits mais pas dans une autre. La signification du logo n’est donc pas toujours la même.
Tri des emballages : entre logos et labels, le grand flou
Pour le tri des emballages, un label en particulier prête à confusion : « le point vert » (ci-contre).
Il est associé à tort, au tri sélectif. Le point vert ressemble en effet énormément au symbole de recyclage (ci-contre sous le point vert).
En réalité, le point vert indique simplement que l’entreprise cotise à une contribution obligatoire au traitement des emballages.
Dans le secteur du tri sélectif, les labels ou autres logos sont souvent mal interprétés car trop ressemblants et trop peu informatifs. C’est le cas du logo de recyclage. Si le logo comporte un pourcentage en son centre : cela signifie que le produit est fabriqué à base de ce pourcentage de matières recyclées. S’il n’y a que le logo, cela indique que le produit est recyclable.
Le pictogramme « tidy man », présent sur de nombreux emballages prête aussi à confusion. Il a pour but de pousser les consommateurs à jeter leurs déchets à la poubelle. Mais attention, il n’indique en rien que l’emballage est ou n’est pas recyclable. Il n’incite donc pas au tri sélectif ou à la réduction des déchets.
Prêtant à confusion, les logos et labels liés au tri sélectif ne participent pas à la réalisation d’un tri efficace des emballages.
Des label au service du marketing
Certains labels non officiels n’attestent pas vraiment de la qualité d’un produit sur des critères précis, mais sont plutôt au service du marketing. Le premier exemple marquant est la mention « produits ou saveurs de l’année ». Cette mention ne se soumet à aucun cahier des charges.
De plus, les marques peuvent s’inscrire aux tests à condition d’une participation financière. Elles sont donc parfois très peu de candidates à l’obtention de la mention. Ces tests sont par ailleurs, réalisés par un panel très réduit de consommateurs.
Autre exemple marquant, les labels écologiques des marques distributeurs de supermarché qui ne sont soumis à aucune certification officielle.
En cosmétique, il existent également des logos comprenant des mentions comme « 95% / 98%… d’ingrédients d’origine naturelle » entourées de la couleur verte qui est associée généralement à la nature et à l’écologie.
Toutes ces techniques (et bien d’autres) sont largement utilisées dans le greenwashing (marketing écologique).
Les labels évoqués dans cet article sont nombreux, mais ils ne représentent qu’une partie des label, logo et appellations présents sur le marché aujourd’hui. Il reste donc au consommateur de ne pas fier aveuglement au labels et de se renseigner sur les différents options et en étudier les cahier des charges pour pouvoir ensuite effectuer son choix en toutes connaissance de cause.
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