Zoom sur le glyphosate!

Le glyphosate est au coeur de nombreuses controverses au niveau français et mondial, mais savons-nous vraiment ce que c’est et pourquoi fait il tant parler de lui?

Le glyposate c’est quoi?

Apparu dans les années ’70, le glyphosate est un désherbant parmi le plus utilisé au monde. Il a été commercialisé pour la première fois sous la forme du Roundup  par l’entreprise multinationale  Monsanto.

« Seul, il est peu efficace, mais les industriels y ajoutent des produits chimiques pour le rendre plus actif et faciliter son absorption par les plantes. La molécule pénètre par les feuilles et se diffuse jusqu’aux racines. Il s’agit-là d’un herbicide total, autrement dit, il tue toutes les plantes sans distinction – excepté celles génétiquement modifiées pour lui résister » (cit LCI 27 novembre 2017).   Il s’agit donc d’un produit de synthèse qui ne fait pas de distinction entre les plantes et qui représente ainsi un réel danger pour la biodiversité.

Il s’agit de l’herbicide parmi les plus utilisés au monde autant dans le domaine agricole que dans le domaine privé (jardins, espaces publics).

Credit Photo : L’EXPRESS

Pourquoi le glyphosate est-il si largement utilisé? 

Ce type de produits est très attractif car il s’agit d’un herbicide total très efficace qui permet aux agriculteurs de réduire leurs coûts de main d’oeuvre pour le désherbage et donc de baisser le coût de revient. Dans certaines cultures comme le colza, le mais ou le tournesol le glyphosate est également utilisé pour le processus dessiccation (processus de séchage des plantes).

CREDIT PHOTO RTL

De plus, si : « il est utilisé en faible quantité et une seule fois par an pour nettoyer un champ avant semis, permet une agriculture dite de « conservation des sols », c’est-à-dire sans labour : une sorte de « troisième voie agricole » permettant de régénérer les sols en matière organique. « (cit Science et avenir 16 aout 2018).

Enfin, le glyphosate possède une caractéristique très séduisante : il est « inactivée au sol », c’est à dire qu’il est possible de replanter très peu de temps après la pulvérisation car elle ne s’attaque qu’aux plantes, ce qui permet donc aux agriculteurs de ne pas devoir attendre des délais trop long pour semer ou planter à nouveau.

Le glyphosate permet donc aux agriculteurs d’économiser du temps, de l’argent et des ressources car il est grandement efficace et simple à manier.

Pourquoi le glyphosate fait-il polémique? 

En 2015, le Centre International de Recherches sur le Cancer (CIRC)* a classé  le glyphosate comme « probablement cancérogène » pour les humains. Dans son étude Etude détaillée CIRC publiée en fin juillet 2015, le CIRC apportait des preuves sur le lien entre l’exposition au glyphosate et le développement de cancers tels que le lymphome non hodgkinien (cancer du sang rare) et le cancer du poumon.

Cependant, malgré le « principe de précaution », qui caractérise la législation européenne dans l’intérêt des citoyens, faute d’un consensus entre les Etats membres de l’UE,  celle-ci a prolongé l’autorisation du glyphosate (qui arrivait à expiration le 30 juin 2016) jusqu’à fin de l’année 2017.

A partir de ce moment les polémiques se sont suivies autour de la question du glyphosate, de sa commercialisation et des conflits d’intérêt entre politique, communauté scientifique et la multinationale leader sur le marché.

L’objectivité de l’Agence Européenne pour la Sécurité Alimentaire et d’autres organismes réglementaires (EPA aux Etats-Unis, EFSA et ECHA en Europe) qui devaient évaluer la dangerosité du produits contenant du glyphosate avant et après sa mise sur le marché ont été remise en cause. On les accuse notamment de ne pas avoir effectué leurs propres études afin d’évaluer la dangerosité mais de s’être basées sur les données fournies par Monsanto.

L’enquête Monsato Paper réalisée par Le Monde,  dénonce la stratégie du « ghost-writing » ( de l’anglais : écriture fantôme) par Monsanto suite à la publication de l’étude du CIRC.  Concrètement : l’entreprise aurait rémunéré des scientifiques pour qu’ils signent des études (réalisées par des scientifiques employés par Monsanto) démontrant que le glyphosate n’est pas cancérigène.

Et en France?

En 1991 la MSA (la sécurité sociale agricole) a mis en place le dispositif Phyt’attitude Composé par une équipe de médecins du travail, de conseillers en prévention et d’experts toxicologues il a l’objectif de recenser (sur base de la déclaration volontaire) et d’analyser les informations sur les déclaration d’accidents ayant eu lieu lors de l’utilisation professionnelle de produits phytosanitaires. Grâce à ce dispositif la MSA peut ensuite mettre en place des actions de préventions autour de la manipulation de produits phytosanitaires. Ce dispositif s’adresse à la fois aux agriculteurs mais également aux agents travaillant dans les espaces verts et les jardins.

En novembre 2017, la MSA reconnait que l’usage de produits phytosanitaires ést responsable de « 2 % » des maladies professionnelles des agriculteurs.

Il reste cependant peu d’informations publiques à ce sujet.

Qu’en est-il actuellement sur le glyphosate?

En novembre 2017, la Commission européenne (qui souhaitait au départ renouveler l’autorisation du glyphosate en Europe pour 10 ans) a reconduit l’autorisation pour 5 ans. Emmanuel Macron a alors déclaré vouloir retirer le glyphosate dans l’espace de 3 ans (en 2020).

Un véritable tournant en terme de jurisprudence a été représenté par l’affaire Dewayne Johnson contre Monsanto du 10 aout 2018. La justice américaine condamne pour la première fois la multinationale Monsanto à verser 250 millions de dollars à l’ex jardinier malade, plus 39 millions de dommages et intérêts.  Selon le jury l’exposition régulière au roundup et à sa version professionnelle « ranger pro » (et donc le glyphosate qui les compose en grande majorité) est à l’origine du cancer lymphatique contracté par le plaignant.  Bien que le dernier mot ne soit pas dit car la multinationale a fait appel de la décision, ce verdict est un événement très important car il va faire jurisprudence aux Etats-Unis où environ 5000 sont déposées contre les produits contenant du glyphosate.

Quelles alternatives au glyphosate?

Les herbicides au glyphosate n’existaient pas ou très peu avant les années ’70, il existe un savoir-faire ancestral dans le domaine agricole qui a été endommagé par l’arrivée de l’industrialisation et l’agriculture intensive. S’il est vrai que l’interdiction de l’utilisation du glyphosate ramènerait des conditions de travail plus dures pour les agriculteurs, il est donc évident que les plus touchés seraient les grandes et moyennes exploitations.

Si un produit ayant un résultat équivalent au glyphosate (et qui ne produise pas les même effets négatifs de celui-ci) n’existe pas, aujourd’hui il existe cependant des alternatives bien connues par les petits agriculteurs et les agriculteurs en biologique, en voici quelques unes :

  • les désherbants biologiques, bien que pas nombreux.  Aujourd’hui l’entreprise française Osmobio a développé un désherbant à base de plantes non nocifs pour la santé humaine et l’environnement et est en processus de test afin de pouvoir commercialiser son produit.
  • les méthodes préventives : couvrir les sols pour étouffer les mauvaises herbes . Cela peut être fait avec le paillage, du carton, du bois broyé ou de foin. Les mauvaises herbes n’ayant que très peu accès à l’air et à la lumière ne pourront se développer (de plus cette technique permet de garder l’humidité du sol et de limiter l’arrosage des plants). Enfin en se décomposant le paillage apporte du nutriment à la terre.
  • le faux semis (la préparation des champs plusieurs semaines avant le semis pour permettre aux mauvaises herbes de germer, et les éliminer mécaniquement avant d’ensemencer réellement)
  • le désherbage thermique avec de l’eau chaude ou de la vapeur

 

Que peut on faire pour éviter d’utiliser des produits à base de glyphosate dans notre jardin 

La chose la plus simple à faire est de passer un petit moment en famille ou entre amis à arracher à la main les herbes indésirables (qui peuvent être utilisées parfois en cuisine comme par exemple les pissenlits qui peuvent être consommés en salade ou pour réaliser des produits cosmétiques ou ménagers maison comme par exemple le lierre pour fabriquer de la lessive écologique).

Nous pouvons également recourir à des recettes à base d’ingrédients naturels (bicarbonate de soude, vinaigre blanc…).

Il s’agit surtout là de redécouvrir le plaisir de retrouver le contact à la terre et d’apprendre les innombrables vertus et utilisation des herbes sauvages (trop souvent catalogués comme mauvaises herbes d’un point de vue esthétique ).

EquiTerre France et le glyphosate?

EquiTerre France agit d’une manière plus globale à la sensibilisation à une agriculture plus responsable en menant des actions visant à sensibiliser le public à l’importance de s’approvisionner auprès de producteurs locaux et utilisant des moyens de production les plus éco-responsables et équitables possibles.

Notre association vise également à soutenir ces producteurs afin de leur permettre de se développer et pouvoir vivre dignement de leur travail. En particulier l’ouverture d’une Ruche qui dit Oui! à Chamalières (actuellement en pause) nous a permis d’épauler de nombreux producteurs locaux engagés dans l’agriculture responsable.

Les méthodes de désherbages sans glyphosate pourront également être intégrés dans notre programme d’atelier DIY afin de sensibiliser et d’accompagner les particuliers à se passer de ce type de produits.

Enfin, l’action de sensibilisation et d’accompagnement prendra d’avantage forme lors de l’ouverture du lieu de consommation responsable à Clermont Ferrand.

 

*Le CIRC est une agence de l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

 

Elisa D’Anna
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